mercredi 11 septembre 2024

800éme anniveraire des stigmates de St François

 

Extrait de la Legenda Maior écrite par St Bonaventure en 1260

CHAPITRE XIII. DES STIGMATES SACRES.

L'homme angélique, François, avait coutume de ne jamais se reposer dans le bien. Semblable aux esprits célestes de l'échelle de Jacob, il montait en tout temps vers Dieu ou descendait vers le prochain. Il avait appris à organiser prudemment le temps qui lui était accordé pour amasser des mérites, et il en consacrait donc une partie à faire son labeur auprès des hommes, et l'autre aux paisibles ravissements de la contemplation.

Lors donc que, selon les besoins des lieux et du temps, il s'était employé au salut des autres, il abandonnait les agitations de la foule et se retirait dans la solitude et la retraite, afin de se consacrer à Dieu pour secouer la poussière amassée dans ses rapports avec le monde. C'est ainsi que, deux ans avant sa mort, après de nombreux travaux, il fut conduit par la providence divine, en un lieu fort élevé, appelé la montagne de La Verne. Ayant commencé un carême qu'il avait coutume de faire en l'honneur de l'archange saint Michel, il ressentit dans sa contemplation toute céleste une grande douceur jusqu'alors inconnue : la flamme des saints désirs l'embrasa avec ardeur et il sentit plus que jamais la présence divine. Il s'élevait à une hauteur extraordinaire, non comme quelqu’un qui s’effraie de la majesté suprême et qui craint sa gloire, mais comme un serviteur fidèle et prudent qui ne désire que connaître la volonté de Dieu et qui brûle de s'y conformer sans réserve.

Il lui fut donc révélé qu'il devait ouvrir le livre de l'Évangile et que Jésus-Christ lui ferait connaître ce que Dieu attendait de lui. Après avoir prié d'abord avec une grande dévotion, il prit sur l'autel le livre sacré des Evangiles, et il le fit ouvrir au nom de la sainte Trinité par son compagnon, un homme plein de l'amour de Dieu et vraiment saint. Celui-ci l'ouvrit par trois fois, et à chaque fois on tombait sur le récit de la Passion du Seigneur. François, rempli de l'esprit de Dieu, comprit donc qu'après avoir imité Jésus-Christ dans les travaux de la vie active, il devait, avant de quitter ce monde, se rendre semblable à lui en embrassant les souffrances et les douleurs de sa Passion.

Alors que son corps était déjà très faible à cause de l'extrême austérité de sa vie passée à porter la croix, il ne s’effraya point mais s'anima avec plus de courage encore à souffrir le martyre. L'incendie d'amour dont il était dévoré pour le doux Jésus avait pris une nouvelle vigueur: il se répandait en étincelles brûlantes et en flammes dévorantes, et les eaux les plus fortes n’auraient pu éteindre une charité si puissante.

Transporté ainsi par la force des désirs séraphiques, il s'élevait vers son Dieu et un matin la tendresse de sa compassion l'a transformé en Celui que l’amour infini attacha à la croix.

C'était vers la fête de l'Exaltation de la sainte Croix, pendant qu'il priait sur le versant de la montagne, il vit descendre du haut du ciel un séraphin ayant six ailes enflammées et resplendissantes. Il vola rapidement vers l'homme de Dieu, et demeura proche de lui sans toucher la terre. Alors entre les ailes du séraphin apparut un homme crucifié; ses mains et ses pieds étaient étendus et attachés à une croix. Deux de ses ailes étaient levées au-dessus de sa tête, deux autres étaient étendues pour voler, et les deux dernières couvraient son corps. A cette vue, François demeura dans un grand étonnement, et son cœur éprouvait un sentiment de joie mêlée de tristesse. Il se réjouissait d'un spectacle si admirable, où le Seigneur, sous la forme d'un séraphin, contemplait son serviteur, mais en même temps son âme était transpercée d'un glaive de compassion douloureuse de le voir ainsi cloué à la croix.

Une vision si extraordinaire le jetait aussi dans une anxiété profonde, car il savait que les douleurs de la Passion n'était en aucune façon compatible avec l'immortalité d'un esprit séraphique. Enfin il comprit, par une lumière du Ciel, que la divine Providence lui avait fait connaître cette vision pour lui apprendre, à lui, l'ami de Jésus-Christ, que c'était, non par le martyre du corps, mais par un embrasement sans réserve de l'âme, qu'il devait se transformer en image du Sauveur crucifié.

Alors que la vision disparaissait, François avait son cœur rempli d'une grande force, et sur son corps étaient imprimées des traces admirables. Car aussitôt commencèrent à apparaître dans ses mains et dans ses pieds les marques des clous, telles qu'il les avait vues tout-à-l'heure dans l'homme crucifié qu'il avait contemplé. Ses mains et ses pieds semblaient transpercés de ces clous; leurs têtes apparaissaient à l'intérieur des mains et sur les pieds, et l'on voyait sortir leurs pointes à la partie opposée. Les têtes étaient noires et rondes, et les pointes longues et comme recourbées avec effort; après avoir transpercé la chair elles demeuraient tout-à-fait distinctes. Son côté droit portait aussi l'empreinte d'une cicatrice rouge, comme s'il eût été percé d'un coup de lance, et souvent le sang coulait abondamment de cette plaie et tous les vêtements du saint en étaient pénétrés.

Le serviteur de Jésus-Christ, voyant imprimés d'une manière si parfaite en son corps les stigmates du Sauveur, comprit immédiatement combien il lui serait difficile de les cacher à ceux au milieu desquels il vivait, et pourtant il ne voulait pas révéler les secrets de son Seigneur. C'est dans le tourment et avec inquiétude qu'il se demandait s'il convenait de faire connaître ou de taire la vision qu'il avait eue. Il appela alors quelques frères et, leur parlant en termes généraux, il leur expliqua ses doutes et leur demanda conseil. Éclairé par la grâce l'un d'entre eux comprit, malgré la prudence dans les paroles de François, que celui-ci avait été témoin de choses merveilleuses et que c'était la cause de l'état extraordinaire où il paraissait être maintenant. Il lui dit: «Ce n'est pas uniquement pour vous, mon frère, mais aussi pour les autres, que les secrets du Ciel vous ont été manifestés. Craignez d'être accusé, au jour du jugement, d'avoir enfoui le talent qui vous a été confié, si vous cachez ce qui vous a été donné pour l'utilité de plusieurs.» Le saint touché de ces paroles, rapporta alors avec beaucoup de crainte toute la vision dont il avait été favorisé, et il ajouta que celui qui lui était apparu lui avait dit certaines choses qu'il ne confierait jamais durant sa vie à aucun homme. Sans doute, ces secrets du Séraphin crucifié sont de ces paroles qu'il n'est point permis à l'homme de redire.

Alors que l'amour de Jésus-Christ avait transformé en sa ressemblance celui qui en était pénétré, les quarante jours consacrés à la solitude s'achevèrent. La solennité de l'archange saint Michel arriva et l'homme angélique, François, descendit alors de la montagne en portant avec lui l'image de son Seigneur crucifié, image non gravée sur la pierre ou le bois par la main d'un artisan, mais imprimée en sa chair par le doigt du Dieu vivant. Cependant, comme il est bon de cacher le secret du Roi, l'homme qui en avait été rendu participant, s'efforçait de dérober aux yeux de tous, autant qu'il le pouvait, ces signes sacrés. Mais comme il appartient à Dieu de révéler pour sa gloire les merveilles de sa puissance, après avoir imprimé secrètement en François les stigmates, il fit par eux plusieurs miracles connus de tout le monde, afin de montrer par l'éclat de ces prodiges combien la force cachée dans ces traces de son amour était admirable.

En effet, une peste très-violente s'était répandue dans la province de Riéti, et elle ravageait cruellement, malgré tous les remèdes, les brebis et les bœufs. Un homme craignant Dieu fut averti en songe d'aller en toute hâte à l'ermitage des Frères mineurs, d'y demander l'eau où le serviteur de Dieu, François, qui y demeurait alors, s'était lavé les mains et les pieds, et d'en arroser les animaux. Cet homme se leva donc de grand matin et se rendit à l'ermitage. Il parvint à obtenir de cette eau discrètement par l'intermédiaire des compagnons de François. Il en répandit sur les brebis et les bœufs malades, étendus sans force et languissants. A peine ces animaux en eurent-ils été touchés qu'ils se levèrent comme ils avaient coutume de le faire, et s'en allèrent à leurs pâturages comme si jamais ils n'eussent éprouvé aucune maladie. Ainsi le contact de ces blessures sacrées avait donné à cette eau la vertu admirable de dissiper et de mettre en fuite une maladie pestilentielle.

Avant que le saint eût séjourné à la montagne de La Verne, il s'y formait habituellement des nuages qui se déversaient en grêle et en orages violents, apportant la désolation dans les campagnes environnantes. Mais depuis cette apparition bienheureuse la grêle cessa entièrement, non sans causer l'admiration des habitants de la région. Ainsi le ciel lui-même, chassant les tempêtes habituelles pour trouver la paix, manifesta l'importance de cette vision céleste et la vertu des stigmates reçus eu cette circonstance.

Il arriva aussi à François, alors qu'il avait pris la route en plein hiver avec l'aide d'un pauvre paysan qui lui prêta un âne à cause de la faiblesse à laquelle il était réduit, de s'arrêter sous un rocher formant une espèce de voûte pour y passer la nuit en se protégeant de la neige et des ténèbres qui l'empêchaient d'aller jusqu'au couvent. C'est alors qu'il entendit son pauvre compagnon pousser des gémissements plaintifs et se tourner d'un côté et de l'autre à cause du froid qui l'empêchait de dormir. Ses vêtements, trop légers, ne parvenaient à le protéger contre le froid et ses rigueurs. Le saint, tout brûlant de l'ardeur du divin amour, étendit sa main sur cet homme, et, chose admirable, à peine cette main sacrée, qui portait en elle l'incendie d'un feu tout séraphique, eut-elle touché le pauvre, que le froid l'abandonna; il ressentit intérieurement et extérieurement une chaleur aussi forte que si une flamme sortant d’un foyer l'eut réchauffé. Fortifié en son esprit et en son corps, il se reposa au milieu des rochers et de la neige avec plus de bonheur qu'il n'avait jamais fait dans sa maison, comme il l'assurait lui-même.

Ainsi des témoignages véridiques nous montrent en ces stigmates vénérables l'action de Celui dont les œuvres purifient, illuminent et enflamment. Ils ont purifié en dissipant la peste, illuminé en rendant le calme aux éléments, et enflammé en répandant d'une manière admirable la chaleur dans les corps.

Après la mort de François, d'autres prodiges plus éclatants encore confirmèrent la même chose.

De son côté il s'efforçait avec le plus grand soin de cacher aux hommes ce trésor qu'il avait trouvé dans le champ du Seigneur. Depuis cet événement il tenait presque toujours, ses mains enveloppées et ses pieds couverts de chaussures; mais ils ne put dérober entièrement aux yeux d’un certain nombre ces signes augustes.

Plusieurs frères, hommes vraiment dignes de foi par leur sainteté éminente, les virent avant la mort du saint, et, pour enlever tout doute à ce sujet, ils affirmèrent sous serment s'être convaincus de leur réalité en les touchant. Plusieurs cardinaux unis à François par les liens d'une étroite amitié en furent également témoins, et ils en confirmèrent la vérité non-seulement par leurs paroles, mais encore par leurs écrits; car les proses, les hymnes, les antiennes composées par eux en son honneur renfermaient les louanges des stigmates sacrés. Le souverain Pontife Alexandre IV, prêchant un jour au peuple devant plusieurs frères et devant moi, assura les avoir vus de ses yeux.

A la mort du saint, plus de cinquante frères les virent encore, et avec eux Claire, la très-pieuse vierge du Seigneur, ses religieuses et une foule innombrable d'hommes du monde, dont plusieurs les baisèrent avec des sentiments de respect et de tendre dévotion, et les touchèrent de leurs mains afin d'en rendre un témoignage plus assuré.

Pour la blessure du côté, il la cacha avec tant de soin que jamais personne ne put la voir, si ce n'est à la dérobée. Ainsi, un frère qui avait coutume de lui donner les soins les plus empressés, l'ayant amené par une pieuse ruse à quitter sa tunique sous prétexte de la laver, ce frère, dis-je, regardant attentivement, vit la plaie, y porta rapidement les doigts et put en mesurer la grandeur. En usant d'une ruse semblable, le vicaire du saint put la voir de même. Mais le frère qui lui était donné pour compagnon, homme d'une grande simplicité, ayant à le soutenir à cause de ses infirmités, avança la main sous son capuce et la plaça sans y faire attention sur cette plaie sainte, ce qui causa à François la plus vive douleur. Alors il fit faire des vêtements de dessous montant jusqu'aux aisselles afin de la tenir toujours cachée. Mais les religieux chargés de laver ses vêtements ou sa robe, les trouvant empreints de sang, connaissaient ainsi d'une manière indubitable le mystère qu'il s'efforçait de dérober à tous les regards, mystère que la mort de François leur permit, aussi bien qu'à une foule innombrable, de contempler à découvert et de vénérer.

Et maintenant, ô vaillant soldat du Christ, porte donc les armes de ton Chef invincible. Ainsi protégé et défendu, tu surmonteras tous tes ennemis. Porte l'étendard du Roi tout-puissant, et à sa vue tous les membres de sa divine armée se sentiront animés au combat. Porte le sceau du Pontife suprême, et tes paroles et tes actions seront regardées de tous comme des paroles de vérité, comme des actions irrépréhensibles. Aujourd'hui que tu es marqué des stigmates du Seigneur Jésus, nul ne doit plus te contrister, mais tous les serviteurs du Christ doivent t'environner de leurs hommages et de leur amour.Ces signes, dont la vérité ne repose plus seulement sur deux ou trois témoins, ce qui serait assez d'ailleurs, mais sur l'autorité surabondante d'une multitude sans nombre, ces signes, témoignages irrécusables de Dieu manifestés par toi et en ta personne, enlèvent tout prétexte à l'incrédulité, car ils confirment les enfants du Seigneur dans la foi, ils les remplissent de l'espérance et les embrasent du feu de la charité. Maintenant est accomplie la vision qui te fut montrée dès le commencement, et où l'on t'annonçait que, lumière brillante du Christ, tu serais revêtu d'armes célestes, de l'étendard de la croix et de ses insignes glorieux. Déjà aux premiers temps de ta conversion la vue du Sauveur crucifié avait transpercé ton âme d'un glaive de douleur et de compassion, et les paroles parties alors du haut de la croix comme du trône sublime de Jésus-Christ, comme de son propitiatoire mystérieux, ces paroles, dis-je, confirmées par ta bouche sacrée, sont aujourd'hui pour nous une vérité incontestable.

Et cette croix que, dans la suite de ta vie sainte, frère Silvestre vit sortir miraculeusement de ta bouche, ces deux glaives en forme de croix transperçant tes entrailles et montrés au vénérable frère Pacifique, toi-même élevé dans les airs les bras étendus et apparaissant à Monald, cet homme angélique, alors qu'Antoine prêchait sur la croix, toutes ces merveilles, nous le croyons aujourd'hui, sont réelles; elles furent manifestées par le Ciel, et non le fruit d'une vaine imagination. Enfin, cette vision où, vers la fin de ta vie, le Seigneur te montra en une même personne le sublime Séraphin et l'humble Sauveur crucifié allumant un incendie en ton âme et imprimant ses cicatrices sacrées en ton corps, afin d'offrir au inonde comme un nouvel ange s'élevant du côté de l'Orient et portant en lui-même le signe du Dieu vivant; cette vision, dis-je, affermit celles qui l'ont précédée, et leur emprunte à son tour un témoignage de vérité. Voilà sept fois déjà que la croix de Jésus-Christ est révélée à tes yeux ou en ta personne. Les six premières apparitions ont été comme autant de degrés pour arriver à la septième, où tu goûtes enfin le repos. En effet, cette croix manifestée à tes regards au commencement de ta conversion et embrassée avec ardeur, cette croix portée dans la suite en toi-même sans interruption par une vie vraiment parfaite, et présentée comme un modèle au reste des hommes, nous a appris avec une évidence incontestable que tu étais parvenu enfin au sommet de la. perfection évangélique. Et cette manifestation de la sagesse chrétienne gravée dans la poussière de ta chair, nul homme vraiment pieux ne la rejettera, nul fidèle véritable ne l'attaquera, nul cœur sincèrement humble ne la méprisera. C'est l’œuvre même du Ciel; elle mérite d'être acceptée sans réserve.

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