vendredi 7 août 2009

A propos du travail le dimanche


Ces jours-ci il est de nouveau question, dans l’actualité, de revenir sur le principe du repos dominical. Au-delà des exceptions de fait, des dérogations, des justifications de toutes sortes qui incitent à penser qu’une clarification des dispositions légales est nécessaire, c’est véritablement un conflit de valeurs qui secoue une partie de l’opinion.

Dans le cadre de ce débat je souhaitais, en tant que prieur des pénitents bleus, et surtout en tant que chrétien, évoquer plusieurs pistes de réflexion.

Tout d’abord il me semble nécessaire de dire que je refuse de m’établir comme un chantre du repos dominical forcé. Certaines personnes ont certainement envie ou besoin de travailler le dimanche, si cette décision est l’expression d’une liberté il serait injuste de la brimer. En revanche si la volonté politique est de faire du dimanche un jour « comme les autres », là c’est ma liberté religieuse qui est entravée et je me dois de réagir avec vigueur.

Le repos dominical avait été institué par Constantin en 321 dans le cadre de la libéralisation du christianisme au sein de l’empire romain. Pour nous chrétiens le dimanche est le jour où est célébrée la résurrection du Seigneur, le jour où nous allons à la messe. Bien sûr Jésus n’a pas dit « célébrez la messe le dimanche », la bonne nouvelle de la résurrection est une réalité que nous devons vivre au quotidien quel que soit le jour de la semaine. Néanmoins depuis des siècles le dimanche est devenu une « institution », même les personnes qui ne sont pas chrétiennes ou qui ne sont pas pratiquantes voient le dimanche comme un jour différent du reste de la semaine. Cette journée est consacrée au repos, à la vie familiale, aux activités sociales de toutes sortes en dehors du travail. Revenir sur ce principe c’est affirmer (une fois de plus…) que le travail est la valeur suprême dans notre société et que toutes les autres lui sont soumises. Ce principe là n’est pas en cohérence avec ma sensibilité chrétienne !

Le travail érigé comme une valeur qui permet l’enrichissement personnel ou collectif, but ultime de la vie sociale n’est pas compatible avec l’enseignement du Seigneur. Bien sûr le travail n’est pas bon ou mauvais en soi, cela dépend de ses fruits. Si le travail prend le dessus sur la famille, sur la gratuité, sur la solidarité, nous ne pouvons accepter cet aspect ! L’homme ne s’épanouit pas que dans son travail, si on restreint la « réussite » humaine à cela on est à des lieues des préceptes évangéliques.

Notre confrérie a été fondée dans la fidélité à l’exemple de St François d’Assise qui a précisément porté sur le monde un regard autre que celui que l’on est en train de construire. Plus on consomme plus on est heureux… Que dirait notre père François, lui qui a repoussé tous les biens de ce monde pour épouser dame Pauvreté, lui qui mendiait sa nourriture de ville en ville pour se consacrer entièrement à sa quête de Dieu ?

Bien sûr ne soyons pas utopiques, nous avons besoin de travailler et de gagner de l’argent pour vivre au cœur du monde moderne. Certaines personnes trouveront dans le travail le dimanche la possibilité d’un revenu complémentaire qui permettra à des familles de vivre mieux. Cette aspiration est légitime on ne doit pas, en tant que chrétien, accepter d’ajouter de la souffrance à la souffrance. Pour ceux qui sont dans le besoin cette mesure peut éventuellement permettre une meilleure qualité de vie et c’est bon. En revanche n’oublions pas que la vie familiale, le bénévolat, le temps donné à la prière, le ressourcement spirituel et humain, le renforcement des liens sociaux, l’ouverture aux autres… toutes ces choses que permet un jour de repos hebdomadaire nous renvoient à une valeur bien plus grande que le travail, l’amour.

Dans le débat nos responsables politiques évoquent toujours l’amélioration des revenus comme un une fin qui justifierait tous les moyens. Je me souviens avoir lu dans un livre de morale (ceux qui étaient en vigueur dans les écoles de la République, pas un catéchisme !) « l’argent est un bon serviteur mais un mauvais maître » ! A nous de voir désormais si le débat sur le travail dominical n’est pas en fait une croisade au service de ce nouveau maître. A nous de voir quelle valeurs nous souhaitons mettre en avant… Ce qui est clair c’est que ce choix de valeurs conditionnera le monde de demain, celui que nous laisserons à nos enfants.

Jésus dit : « Ne vous faites pas de trésors sur la terre, là où les mites et la rouille les dévorent, où les voleurs percent les murs pour voler. Mais faites-vous des trésors dans le ciel, là où les mites et la rouille ne dévorent pas, où les voleurs ne percent pas les murs pour voler. Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. » (Mt 6, 19-21)


Sébastien RICHARD
Prieur de la Société du St Sépulcre

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