samedi 1 février 2025

Inauguration de la chapelle restaurée

Discours prononcé par M. le prieur Sébastien Richard à l'occasion de la cérémonie officielle  d'inauguration de la chapelle restaurée le vendredi 17 janvier 2025 à 19h30. 

Monsieur le député Eric Ciotti,

Monsieur le député Laurent Castillo,

Madame la vice-présidente du Conseil Départemental, Gaëlle Frontoni,

Monsieur le conseiller régional Pierre-Paul Léonelli,

Mmes et Mm les élus,

M. l'abbé Frederic Sanges,

M. l'abbé Vincent Bottin,

MM. les prieurs des confréries du diocèse de Nice,

Mmes et Mm les représentants de la DRAC, Mme Brigitte Madrino, Mme Sophie Costamagna, M. Luc Thevenon,

Chers confrères, chers amis,

Mesdames et Messieurs,


Fatigués, usés mais profondément heureux et fiers du travail accompli,

Tels sont les mots qui expriment le sentiment des pénitents bleus et de leur prieur ce soir.


Entre le bastion et la porte Pairolière

Je rends grâce à la Madone du Sincaïre 

de nous avoir accompagnés 

et devant sa douce image qui nous domine 

je lui offre et j’offre à ce lieu

ces mots d’Hugo qui montent à ma mémoire :


En te voyant si calme et toute lumineuse,

Les cœurs les plus saignants ne haïssaient plus rien.

Chaste, elle paraissait ne pas être autre chose

Que la forme qui sort des cieux éblouissants ;

Et de tous les rosiers elle semblait la rose,

Et de tous les amours elle semblait l’encens.


Mes chers amis

Bénévoles, pénitents, mécènes, entreprises, ouvriers, services de la DRAC, de la Ville, du Conseil Régional, du Département des Alpes-Maritimes, élus de notre ville… tout cela n’aurait pas été possible sans votre travail et votre soutien.

Alors tout n’est pas complètement achevé

Encore un tableau qui doit revenir

Encore quelques factures à honorer et des points à vérifier

Et l’orgue en attente de décisions

Mais, pour cette année, le travail sera terminé.


Nice et les Niçois retrouvent ce haut-lieu de notre histoire 

tel qu’il n’a plus été vu depuis la fin du XIXème siècle.


Ce chantier pour mes frères en cappa

fut une guerre, une bataille, un combat. 

Avec ses généraux et ses victoires. 

Avec ses ennemis et ses défaites. 

Les moments des peurs abstraites 

et ceux d’immortelle gloire. 


Je retiens des centaines de souvenirs de conflits 

et une litanie de liens de confiance aussi, 

l’amitié et les aides charitables

aussi l’amertume et son fiel, 

je me remémore des secours providentiels 

et des obstacles infranchissables.


Je vous livre une de ces pages. 

J’étais assis là, au bord d’une table en plastique, 

entre les sacs de chaux et les bidons de peinture. 

Pendant des semaines les ouvriers avaient minutieusement décrouté les murs et on nous annonçait un surcoût phénoménal pour avancer la restauration. 

La chapelle était bien plus malade que prévu, je n’avais pas l’argent pour acheter les remèdes. 

Assis au bord d’une table en plastique, 

entre les sacs de chaux et les bisons de peinture. 

Brisant ma solitude et transperçant mon angoisse j’ai entendu la voix de Jérôme Bracq qui me disait : 

« ne vous inquiétez pas M. Richard, on va trouver une solution. Le Département est à vos côtés, on va trouver ». 

Et on a trouvé... et sur la table en plastique on servira le vin d’honneur ce soir.


Quand on est prieur d’une confrérie 

on se doit d’être attentif à tous et à chacun. 

Je ne mesurais pas, avant ce chantier, 

ce que cette formule distille de mise en garde. 

Car le tout à tendance à ruiner le chacun et le chacun est insensé sans le tout. 


Restaurer une chapelle de fond en comble 

c’est mettre l’intérêt du groupe avant le souci de chacun et, 

pendant ces cinq années 

j’ai certainement négligé 

d’apporter à chacun de mes confrères, 

à chacune de mes consœurs, 

l’attention qu’il était en droit d’attendre de moi. 

Je leur en demande humblement pardon.


Je demande aussi pardon pour le temps pris à nos familles

En particulier celui, immense, confisqué aux proches de Lucien et de Jean-Paul.


Mais ce soir, mesdames et messieurs, contemplez cette grâce et voyez,

parce que les pénitents ne sont pas des gardiens de pierres

mais des pierres vivantes, et parce que 

le bleu de cette chapelle n’est lumineux 

que dans la mesure où il est le reflet de notre spiritualité. 

L’art est le plus sûr chemin qui conduit à l’esprit 

et cette nef resplendissante doit demeurer 

le coffret bleu qui contient un patrimoine immatériel séculaire, 

celui de la confrérie des pénitents bleus.


Le bleu de ces voûtes 

c’est le bleu de nos prières, 

et sans aucun doute 

la couleur des frères,

Le saphir de nos espérances,

L’azur de la persévérance

Jamais acquise, à bâtir toujours

Mais qui nous relie jour après jour.


La palette d’Emmanuel Costa 

que l’on redécouvre ce soir sur cette voûte admirable 

c’est, je le crois, le reflet de nos âmes.


C’est en Italie que nos fondateurs ont pris notre spiritualité, 

c’est là qu’ils ont pris notre couleur, 

dans le cœur de François d’Assise. 

Ils l’ont dérobée au pinceau de Cimabue,

 ils l’ont soutirée à la palette de Giotto. 

Recueillant religieusement les pigments de la Renaissance, 

ils ont rapporté ce bleu à Nice pour qu’il s’ajoute au bleu 

et que de ce feu naisse une céleste clarté. 


A Nice tout ce qui est beau, grand ou sacré est bleu.

Oreste était le grand bleu, le bleu pur

Lucien tu es le bleu martial des étendards

Jean-Paul le bleu de travail de l’artisan

Mes frères et sœurs vous êtes le bleu de mon cœur.

Et ce soir le bleu de nos sacs, 

C’est le bleu de notre chapelle 

Celui qui s’écoule du pinceau de Costa

Qui se fond à l’azur éternel du jour niçois, qui se fond

aux ciels de chagall peuplés de coqs, de chêvres et de Christ bras ouverts, 

aux fenêtres de Duffy inondée des vagues de la Méditerranée

au bleu chaste de Matisse ciselant les corps et sculptant la lumière

à l’outremer saturé de Klein où l’art tout entier n’est plus que couleur.


Alors, par cette restauration,

les pénitents du saint-sépulcre 

et tous ceux qui les ont aidé à conduire ce chantier

ont démontré collectivement 

qu’ils sont une petite goutte de bleu qui s’ajoute à la palette de notre belle cité. 

Une goutte certes, 

mais l’équilibre des couleurs ne s’obtient que par gouttes 

et sans celle-ci, Nice ne serait pas Nice.


A tous, et à chacun merci.

Viva la madona dou Sincaire

Viva Nissa. Viva.


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