mercredi 20 octobre 2010

L’intervention du Custode de Terre Sainte au Synode pour le Moyen-Orient

discours de Frère Pierbattista Pizzaballa, Custode de Terre Sainte

« Eminences et Excellences,Autorités et membres de ce Synode. En Terre Sainte, nous ressentons avec force la limite d’une perspective et d’une pastorale qui, trop souvent, partent des problèmes et de la situation plutôt que de la vocation des chrétiens et des Eglises de ces terres particulières et bénies (cf. Instrumentum laboris n° 6). Je crois en revanche que nous nous trouvons à une époque et en un lieu où il est nécessaire de repartir de la vocation propre des Eglises de Terre Sainte. Il me semble, du reste, que tel est le sens de l’invitation que le Saint-Père nous a adressée dans l’homélie inaugurale, lorsqu’il nous a demandé de faire nôtre le regard de Dieu qui voit cette terre d’en haut. Je voudrais dès lors, moi aussi, commencer mon intervention en faisant mémoire de la première manifestation de l’Eglise à Jérusalem le jour de la Pentecôte : « Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de Mésopotamie, de Judée et de Cappadoce, du Pont et d’Asie, de Phrygie et de Pamphylie, d’Égypte et de cette partie de la Libye qui est proche de Cyrène, Romains en résidence, tant Juifs que prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons publier dans notre langue les merveilles de Dieu ! " Tous étaient stupéfaits et se disaient, perplexes, l’un à l’autre : " Que peut bien être cela ?» (Ac 2, 9-12).
Ce rassemblement universel de toutes les langues à Jérusalem et leur rencontre en Dieu n’est pas seulement mémoire mais elle est aussi présent et avenir. Aujourd’hui comme alors, l’Eglise de Jérusalem naît et se développe avec une vocation et une ouverture universelle. Les Frères mineurs de la Custodie de Terre Sainte sont chaque jour les témoins émerveillés et –souvent – généreux ainsi que les promoteurs diligents du mouvement physique et spirituel qui porte des millions de personnes à revenir et à se retrouver à Jérusalem à la recherche du centre, du cœur, de la première source de la foi et de la vie chrétienne.Ad Intra : En tant que Communauté chrétienne qui vit en Terre Sainte, nous devons redécouvrir le fait d’être et de vivre sur les lieux des origines. Il ne s’agit cependant pas simplement et seulement de lieux. Nous sommes et nous vivons la mémoire vivante de l’Incarnation. Celle-ci n’est pas seulement intervenue dans le temps mais également dans un espace. Habiter avec vitalité cet espace est une vocation et un service rendu à l’Eglise tout entière. Il nous est alors demandé de récupérer et de développer cette conscience. Il faut que les pasteurs et les fidèles des Eglises de Terre Sainte développent une plus forte conscience de ces lieux que quelqu’un a qualifié de « cinquième Evangile ». Les Lieux Saints représentent une occasion importante d’évangélisation et de prière outre à représenter un point d’ancrage de l’identité chrétienne de la Terre Sainte. Jérusalem en particulier ne peut pas seulement être vue comme le résultat d’une lutte entre factions opposées. Elle est le point de départ et d’arrivée de la pérégrination de la foi de tout croyant au Christ et même de quiconque partage la foi d’Abraham. Les pèlerinages qui arrivent en Terre Sainte du monde entier, ainsi que la présence de fidèles juifs et musulmans autour de la même zone sacrée de la Cité Sainte apparaissent aux yeux de la foi comme une réalisation, même si elle est partielle, de la prophétie du rassemblement de tous les peuples sur le Mont Sion afin d’apprendre les voies du Seigneur et de marcher dans ses sentiers (cf. Is 2, 2-4, Mi 4, 2-4).Il est donc nécessaire d’accorder un soin renouvelé à la formation et à la catéchèse de ceux qui se préparent à devenir pasteurs et des fidèles afin que tous soient à la hauteur des défis que l’évangélisation et la mission présentent à notre époque et sur notre Terre. Une pastorale qui se concentre plus fortement sur la Parole de Dieu, étudiée, méditée et annoncée semble irremplaçable (cf. Instrumentum laboris, n° 8, 62-69). Les difficultés et même les interdictions que l’annonce explicite de l’Evangile rencontre dans nos terres ne doivent pas nous pousser seulement à conserver ce qui existe mais nous appellent comme personnes et comme communautés à être créatifs, capable d’un témoignage éloquent et incisif. Ad Extra : Les pèlerinages d’un côté, le caractère multiple – multilingue, multiracial et multi rituel – de l’Eglise de Terre Sainte de l’autre, nous demandent d’être une Eglise toujours plus communicative, hospitalière, ouverte aux autres et à l’autre. L’Eglise de Terre Sainte a toujours été minoritaire. Etre une minorité fait partie de notre identité et nous ne devons pas en faire un drame. Cette condition nous rappelle que nous ne sommes ni n’existons pour nous-mêmes mais pour entrer en relation avec ceux qui nous rencontrent et nous pousse à faire des propositions. A dire vrai, ceci se réalise. En effet, même si elle représente 1% de la population, l’Eglise, par ses œuvres, arrive à atteindre 5% des habitants.Permettez-moi ici de rappeler le service de la Custodie de Terre Sainte en matière d’éducation, d’assistance et de formation universitaire, offert non seulement aux chrétiens latins mais également aux fidèles des autres confessions et religions. Au cours de ces dernières années, la Custodie de Terre sainte s’est ouverte à la collaboration en vue de la pastorale de groupes de fidèles catholiques de langue hébraïque et d’immigrés (cf. Instrumentum laboris, n° 49-53). Les centres d’étude, de recherche et d’accueil et de communication sociale, fondés et soutenus par la Custodie, comme le Centre franciscain d’Etudes orientales du Caire, le Mémorial de Saint Paul à Damas, l’Institut Musical Magnificat, le Centre multimédia franciscain et la Faculté de Sciences bibliques et d’Archéologie de Jérusalem sont ouverts aux chrétiens de toute dénomination.Etre une minorité ne doit pas nous empêcher d’offrir un témoignage vibrant de foi et d’appartenance, de faire des propositions culturelles ouvertes et fortes, unique espace de confrontation possible sur notre Terre. Etre une minorité ne doit pas nous faire nous refermer mais nous pousser à l’ouverture sous de nouvelles formes créatives qui non seulement sont permises mais sont parfois même attendues par nos frères d’autres religions.L’engagement œcuménique est pour nous qui vivons en Terre Sainte d’abord et avant tout rencontre quotidienne de peuple, de frères et sœurs qui, par-delà les diversités, partagent le commun chemin chrétien et l’engagement partagé pour la paix (Instrumentum laboris, n° 82). Mais il est aussi l’expression quotidienne de la difficulté que les préjudices et l’histoire nous ont légué et qu’y, en Terre Sainte deviennent tangibles et concrets. En ce qui concerne le délicat et douloureux scénario politique, sans rentrer dans des questions délicates et jusqu’ici trop discutées y compris entre nous, je désire insister ici sur ce qui, même à nous-mêmes, n’est souvent pas clair, à savoir qu’il nous appartient à nous, chrétiens de Terre Sainte, qui ne revendiquons ni territoires ni positions de privilège à occuper, de conserver, maintenir visible et défendre jalousement sous toutes les formes possibles et dans tous les forums publics le caractère également chrétien de la Terre Sainte et de Jérusalem qui n’est pas toujours escompté et qui, peut-être, n’est pas toujours accepté ».

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